Des appels pour redonner le sourire aux communautés malgaches affectées par les Cyclones Batsiraï et Emnati

Date de publication : 22/03/2022

Madagascar, déjà confrontée depuis des mois à une sécheresse extrême dans une vaste zone du Sud, fait face à une saison cyclonique sévère. Ana, Dumako, Emnati, Batsiraï : deux cyclones et deux tempêtes tropicales ont ravagé plusieurs zones du Sud et de l'Est du pays depuis fin janvier, en laissant des milliers de sinistrés. Notre équipe TSF est arrivée jeudi 10 février à Mananjary, sur la côte Est de la Grande Ile. À notre arrivée, nous nous sommes répartis en deux groupes afin de pouvoir répondre aux différents besoins identifiés : support à la coordination humanitaire et opérations de téléphonie pour les sinistrés.

Le centre de coordination à Mananjary devient rapidement le principal centre de coordination de la réponse humanitaire. La connexion installée par TSF permet aux différents acteurs humanitaires de recevoir et partager des informations, et d’avoir une meilleure compréhension des besoins sur le terrain. « Heureusement que vous êtes ici » nous disent plusieurs personnes en se connectant au réseau TSF. « La connexion est essentielle pour être en contact avec notre siège et fournir des informations en temps réel. Sans votre connexion on ne serait pas opérationnel » nous confie Marie Pierre, de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).

Parallèlement, l’autre partie de l’équipe commence les opérations de téléphonie. Des centres d’accueil pour les sinistrés ont été mis en place après Batsiraï : c’est là que nous décidons de mener la plupart des opérations. Pendant plusieurs jours, nous nous sommes déplacés de centre en centre afin de permettre à ces personnes d’appeler leurs proches pour partager des informations par rapport à leur situation, demander de l’aide ou tout simplement se sentir rassurés en entendant leur voix. D’après les évaluations conduites lors des opérations, 40% des personnes ont demandé de l'aide grâce aux appels passés. Parfois, ces appels représentent pour eux un nouveau départ.

« Si vous n’étiez pas ici, on ne pourrait pas communiquer avec nos familles » nous dit une femme en nous serrant dans ses bras pour nous remercier. Voir des regards de soulagement et des grands sourires quand ils entendent la voix de leurs proches à l'autre bout du fil, donne tout le sens à notre mission. Leur visage change, parler à leurs proches les rassure, leur donne de la force. En effet, 40% affirme que l’appel leur a permis de se sentir mieux psychologiquement et 76% que cela a eu un impact positif dans leur vie. Pour plus de la moitié, c’était le premier appel après le cyclone. Ils sont très reconnaissants. "Excellent travail, n'arrêtez pas de faire ce que vous faites" dit l'une des personnes en nous rendant le téléphone. Le bouche à oreille malgache, dont tout le monde nous parlait, fonctionne. Du jour au lendemain, les gens commencent à nous connaître, et en marchant dans la rue on nous arrête pour nous demander de passer un appel.

Deux semaines après, un nouveau cyclone menace... Emnati. "C'est émotionnellement épuisant... Après Batsiraï, nous avons passé des jours à tout nettoyer et reconstruire, maintenant il faut se préparer pour Emnati" nous confie le réceptionniste de l'hôtel. De même, en discutant avec les gens la veille du passage de Emnati, nous nous rendons compte à quel point ils ont peur, ils nous demandent plusieurs fois si nous allons rester, et disent qu'ils auront encore besoin de beaucoup d'aide. « On ne va nulle part »,  leur répondons-nous.

Le lendemain, dès que les rafales de Emnati se calment, nous nous rendons immédiatement dans l'un des centres d’accueil, conscients du besoin de communiquer. On s’installe rapidement et tout le monde commence à se rassembler autour de nous. Tous veulent appeler. Le soulagement et les sourires des gens lorsqu’ils entendent une voix de l’autre bout du téléphone effacent totalement la peur de la nuit précédente.

C’est ainsi qu’après 1 mois sur le terrain, 14 opérations de téléphonie humanitaires et le soutien à la coordination, vient le temps de penser à la reconstruction. Présente dans le pays grâce au projet IT CUP, TSF étudie la possibilité de poursuivre son support aux communautés malgaches. Le centre de coordination humanitaire, et donc tous les acteurs encore actifs sur la phase de reconstruction, continuent de bénéficier de la connexion installée par TSF quelques jours après le passage de Batsiraï, monitorée à distance depuis son siège international.


Victoria Del Pozo,
Chargée de Communication

Mission associée